Depuis bientôt plus de deux mois, les ouvrières de l’usine de Vertbaudet à Marquette-lez-Lilles, dans le nord de la France, sont en grève et tiennent un piquet devant leur entrepôt. Ces dizaines de travailleuses font principalement partie du secteur de l’acheminement de la chaine de prêt-à-porter pour enfants. Cette grève, c’est le marqueur d’une nouvelle époque. Parce que les masses doivent lutter pour survivre : les femmes qui tiennent le piquet gagnent environ 1500 €, pour vivre et nourrir pour beaucoup leurs enfants, sans augmentation et ce malgré 20 ans d’ancienneté. Alors que le bilan comptable de l’entreprise est bénéficiaire pour la première fois depuis des années, les Négociations Annuelles Salariales ont vu une augmentation de… 0 % ! Du jamais vu, alors que l’inflation atteint des scores records et que la situation devient de plus en compliqué pour de larges pans de la population ! Face à cela, les travailleuses se sont révoltées et se sont mis, pour beaucoup, pour la première fois de leur vie, en grève depuis le 20 mars. La puissance de leur volonté réchauffe nos cœurs bien au-delà du piquet. Ces femmes sont des exemples de la volonté prolétarienne, de la force de la classe.
La détermination des grévistes à fait trembler le préfet du nord, qui a envoyé ses chiens de garde pour tenter de casser la grève, en utilisant la violence répressive contre les travailleuses. Plusieurs dizaines de grévistes ont enchaîné plus de deux mois de grève, affirmant qu’elles tiendraient jusqu’au bout. Exaspéré, l’Etat a envoyé ses miliciens ; d’abord, les flics ont démoli le piquet de grève, puis ils ont envoyé une gréviste aux urgences ; enfin, le délégué syndical s’est fait attraper devant chez lui par des miliciens patronaux et/ou des policiers, molesté dans une voiture, menacé, et plusieurs militantes ont fini en garde à vue. Nous devons dénoncer et nous mobiliser en nombre contre ces attaques de la réaction contre la classe ouvrière. Enfin, des intérimaires ont été utilisés pour tenter de briser le mouvement. Mais en face, la mobilisation a aussi été exemplaire. Dans l’unité, les grévistes et leurs soutiens ont repris le piquet après chaque intervention de la police, ne cédant ni à la répression, ni au chantage à la fiche de paie. Chaque organisation syndicale ou politique soutenant le mouvement a mis en avant les grévistes, s’effaçant devant l’unité nécessaire à la défense de la lutte.
Certaines branches de syndicats jaunes ont néanmoins tenté de briser le mouvement, en proposant des primes ponctuelles, mais pas d’augmentation de salaire qui compte pour la retraite. Les ouvrières savent qu’avec l’inflation, ces primes ne serviront presque à rien, qu’il faut une hausse de salaire définitive, qui compte également pour la retraite ou en cas de chômage, et ne sont pas tombés dans le piège.
Cette grève est celle de la nouvelle phase que nous traversons, car ce ne sont plus seulement les secteurs les plus organisés de la classe qui se lancent dans des grèves déterminées, mais de plus en plus l’ensemble de la classe qui se met en mouvement, pour sa survie, et qui se rend bien compte qu’en face, c’est l’Etat, directement, qui se pose en protecteur des intérêts de la bourgeoisie, enlevant ainsi le masque de pseudo garant d’équité et de conciliateur qu’il jouait auparavant, entre le peuple et la bourgeoisie. Il se montre toujours plus comme l’agent direct du capital, qui ne laissera même plus quelques miettes à la population.
La Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire l’affirme : s’il y a répression, c’est parce que la lutte est juste et légitime, et parce qu’elle effraie le pouvoir, et nous devons nous auto-organiser face à cette répression. C’est malheureusement vrai : si l’on n’est pas réprimé, c’est que notre lutte ne gêne pas la bourgeoisie. Or, la juste lutte de la classe ouvrière, et en particulier des ouvrières de Vertbaudet Marquette-lez-Lille, effraie le pouvoir, car elle peut enflammer la plaine et montre à toute la France que les femmes prolétaires organisées sont une machine de combat. Ces temps-ci, des étincelles apparaissent de partout – aux révolutionnaires de les organiser pour en faire un incendie, au travers de l’instrument de notre émancipation, nécessaire à a victoire finale et durable. Les ouvrières et ouvriers de Vertbaudet sont à l’avant-garde de la lutte pour la dignité qui va immanquablement déferler sur le pays, et qui posera la question essentielle : pourquoi les ouvrières et les ouvriers qui se brisent le dos ne peuvent pas décider pourquoi et comment elles et ils travaillent ? Pourquoi n’ont-ils pas le pouvoir sur la société qu’ils font tourner ?
En ce sens, nous affirmons notre soutien indéfectible à la juste lutte des ouvrières de Vertbaudet, qui est un exemple pour la classe ouvrière, un étendard de la dignité et de la combattivité du prolétariat.
Grévistes de Vertbaudet, vous n’êtes pas seuls ! La France prolétaire, du fond de son cœur, vous soutient !
A bas les bas salaires ! A bas la vie chère ! A bas les cadences infernales !
Le Bureau National de la LJR
23/05/23