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Comités Populaires d’Entraide et de Solidarité : les militants anti-opportunistes s’investissent au coeur de leurs quartiers

En 2022, plusieurs CPES se sont formés sur le modèle de la lutte commencée à Lyon par les habitants du 8e arrondissement dès 2021. Face aux frais abusifs que les locataires doivent payer au principal bailleur social de la ville, Grand Lyon Habitat, les activistes de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire (LJR) ont organisé une campagne pour mobiliser les habitants. Partant de là, le premier CPES s’est développé. Après 2 ans, il est temps de faire un bilan du travail réalisé par les CPES qui existent maintenant
aussi à Saint-Etienne, Grenoble, et qui sont en train de s’organiser à Toulouse et dans la région parisienne.

Les révolutionnaires ont pour tâche de partir des problèmes concrets que les gens rencontrent, et d’y répondre par la mobi­lisation, la politisation et l’organisation des masses. Ce ne sont pas les discours qui changent la réalité, c’est le travail de masse, c’est l’action qui parle. Tous les moyens sont bons pour se lier aux masses, distributions de journaux sur les marchés, porte-à-porte, tractage à la sortie du métro ou du tram, à l’entrée des usines, mais aussi affichage de slogans combatifs ; tout cela permet d’aller à la rencontre du prolétariat et d’écouter ses pré­occupations. C’est un travail d’enquête qui ne peut être fait que sur le long terme car rien n’est magique, sinon la révolution aurait déjà eu lieu, car tout le monde veut un changement de société. L’écrasante majorité de la population en a assez des politiciens véreux, des conditions de travail qui se dégradent, du travail vidé de sens par la rentabilité, de la corruption et du militarisme de la bourgeoisie qui se préoccupe davantage de vendre des armes que d’ouvrir des hôpitaux. Nous subissons le chômage à chaque délocalisation, à chaque spéculation financière les prix aug­mentent et les salaires baissent. Jusque dans les quartiers où toute la misère et l’injustice du capitalisme est concentrée, et où même des terrains de jeux pour les enfants sont l’objet de lutte.

Les CPES permettent aux habitants des quartiers de régler les problèmes, et les révolutionnaires synthétisent les besoins exprimés par les masses et trouvent une solution qui passe par l’organisation combative des habitants. À travers les CPES, c’est une forme d’organisation de la classe ouvrière qui se constitue, de manière autonome vis-à-vis de l’Etat et des institutions, qui porte les intérêts du peuple et qui agit, qui ne fait pas de vagues promesses de changement. Ce sont des organisations véri­tablement démocratiques car elles œuvrent en rapport direct avec les besoins des masses, et ces besoins vont frontalement contre les intérêts des capitalistes : les luttes menées par les CPES révèlent clairement aux yeux de tous le caractère exploi­teur et anti-peuple de l’Etat dirigé par les capitalistes.

À Lyon, le principal problème remonté concerne les loge­ments, et ça n’a rien de mystérieux. En France, c’est plus de 15 millions de personnes qui sont mal logées, et dans les quartiers les promoteurs immobiliers ont fait construire à la va-vite des logements mal isolés, mal conçus, avec des installations électriques faites à l’arrache par des sous-traitants mal payés, des canalisations qui ne sont pas entretenues. Les bailleurs sociaux qui gèrent ces immeubles s’enrichissent honteusement à leur tour en faisant des payer des charges pour un entretien qui n’est pas réalisé. À la place, les façades sont repeintes pour cacher la misère sous le tapis et faire comme si il y avait une préoccu­pation pour les locataires. Ou alors ce sont des parterres de fleurs, dans le meilleur des cas, qui donne une image «positive» du cadre de vie. Cette gestion honteuse est un problème qui pèse lourdement sur la vie des masses qui ont intérêt à un pro­fond changement. Et les CPES montrent et démontrent que ce changement ne peut venir que du combat, rien n’est obtenu sans lutte acharnée.

Plusieurs réunions publiques ont été organisées à Lyon après une intense activité de porte-à-porte et de tractage pour faire connaitre les revendications du CPES, des dizaines d’habitants ont ainsi eu l’occasion de se réunir et d’exprimer leur colère. Les révolutionnaires qui ont conscience de la nécessité de s’organi­ser pour lutter collectivement ont donné corps à cette colère, ils l’ont organisée pour permettre aux habitants d’obtenir répara­tion. L’ennemi public numéro un, le bailleur Grand Lyon Habitat, s’est affolé devant la mobilisation et a fini par recevoir les habi­tants qui ont investit les locaux du bailleur le 2 novembre pour obtenir des réponses : pourquoi payer des charges qui augmen­tent si aucun entretien n’est réalisé ? Aucune réponse n’a été donnée, les cadres de GLH ont baratiné à propos de la guerre Ukraine, et les habitants ont vu leur colère monter d’un cran. Dé­but décembre c’est devant le maire d’arrondissement du 8e que les habitants ont demandé des comptes, car s’ils l’ont élu c’est bien pour qu’il se préoccupe des problèmes des administrés. En pleine rencontre, le maire est simplement parti en disant qu’il ne pouvait rien faire, montrant l’hypocrisie des politiciens qui se font élire.

La lutte politique n’est pas le seul aspect des CPES

En 2022 des goûters populaires ont été organisés à Lyon, Saint-Etienne, Toulouse, en solidarité avec la lutte héroïque du peuple palestinien et en défense de Georges Ibrahim Abdallah, combattant de la cause palestinienne enfermé depuis 38 ans. Les habitants ont été mobilisés et invités à y participer, et lors de l’événement des discussions ont permis de connaitre les pro­blèmes du quartier. Ce sont des moments politiques, mais aussi des moments de vie du quartier qui permettent aux familles de se croiser et d’échanger à propos des problèmes rencontrés dans le quartier. C’est aussi l’occasion de montrer que le peuple en France soutient le peuple en Palestine, à travers ça c’est l’in­ternationalisme qui s’exprime : nous vivons dans des pays éloi­gnés, mais c’est le même régime impérialiste qui opprime par­tout sur Terre. Grâce à ces goûters populaires les CPES se font connaitre et popularisent des idées révolutionnaires qui sont toujours très bien reçues.

Des tournois de foot ont aussi été organisés dans le cadre de la campagne de boycott des élections présidentielles à Lyon et Saint-Etienne par les CPES en avril 2022, rassemblant les jeunes et leurs parents, près de 200 personnes à chaque évé­nement. C’est un aspect tout aussi important des CPES car ce genre d’événement permet de nourrir la vie culturelle dans les quartiers pour des occasions politiques, mais une politique à l’opposée de ce qui existe dans le cadre de l’Etat bourgeois. À Saint-Etienne le tournoi de foot a permis de faire revivre un stade laissé à l’abandon faute de financement, ce qui a ému les parents en leur rappelant des souvenirs lointains, et qui a permis aux jeunes tout simplement de s’amuser et de tisser des liens. Des choses qui peuvent sembler banales, mais que le capitalisme est en train de détruire, de ronger année après année. Un simple barbecue en plus de ça et le tournoi de foot devient une fête po­pulaire avec un contenu politique.

De nombreuses autres initiatives ont été permises par les CPES. À Lyon des séances de sport populaire ont été organi­sées pour s’initier à la boxe. En aout un toboggan a été amé­nagé à Lyon par les habitants du quartier eux-mêmes, car il n’y avait pas d’installations de jeux pour les enfants. Les fonds ont été levés par le CPES et les habitants mobilisés pour les tra­vaux d’installation. C’était une revendication de longue date des habitants qui a été laissée sans suite par la mairie. Le CPES a pris les devants, montrant que les masses peuvent régler elles-mêmes leurs problèmes et administrer leur quartier. En octobre 2022, c’est à Grenoble qu’un tournoi de foot a été organisé par le CPES en soutien à Georges Abdallah, prisonnier politique et défenseur de la cause palestinienne, qui malgré sa longue incar­cération n’a jamais baissé le drapeau rouge. En 2021 et en 2022, pour Noël, une campagne de solidarité a permis de récolter des centaines de jouets pour les enfants des quartiers : ce genre d’événement annuel permet de montrer la solidarité dont les ha­bitants des quartiers font preuve à chaque occasion, et permet à de nombreux enfants d’avoir des jouets pour Noël, alors que la crise s’accentue et que pour beaucoup il est difficile de pouvoir simplement faire plaisir à ses enfants dans une période de fêtes. A Saint-Etienne, les habitants organisés par le CPES ont pris en main un nouvel aspect en décorant eux-mêmes le quartier pour les fêtes, car les décorations installées par la mairie s’arrêtaient aux portes du quartier ; ce fut l’occasion de régler un problème concret tout en pointant du doigt les responsables qui nous prennent pour des imbéciles.

Ce ne sont pas des événements compliqués à organiser. Une réunion pour préparer le plan, penser aux détails et à tous les aspects, d’abord politiques mais aussi les tâches assignées à chaque camarade ; de la logistique pour gérer le matériel, et ça y est, tout peut être mis en mouvement. Ce qui importe c’est l’initiative, le fait d’aller dans les masses, de saisir toute opportu­nité pour le faire et ainsi avoir les deux pieds sur terre. Quand les révolutionnaires parlent de travail de masse ils ne parlent pas de théories hors-sol, ils partent de la réalité pour pouvoir la trans­former, et les habitants sont impliqués peu à peu dans ce pro­cessus. Les CPES sont voués à devenir des organes prolétaires qui gèrent la vie dans les quartiers grâce à des Assemblées Populaires qui sont des organes démocratiques, embryons du Nouveau Pouvoir révolutionnaire.

Les leçons des CPES pour les révolutionnaires

Premièrement, les masses, bien loin des clichés méprisants qui veulent en faire des moutons ou des inconscients endormis, sont très politisées et conscientes des problèmes, car elles les vivent dans leur chair au quotidien. Ce que les gens réclament partout dans le pays, c’est d’être organisés ! Pourvu qu’on donne aux masses les armes pour se battre, elles se battent et savent défendre leur dignité, elles n’ont besoin de personne pour le faire à leur place.

Deuxièmement, et c’est un point très important : dans les quartiers populaires ce sont les femmes, les mères de famille, qui sont les plus actives, les plus engagées pour la collectivité, les plus déterminées. On est dans une société qui est patriarcale et qui méprise les femmes en les rabaissant, en parlant d’elles comme des êtres de moindre importance ou de moindre capa­cité. Tout nous montre à quel point ces conceptions sont loin de la réalité. Les femmes s’occupent d’administrer leur famille, que ce soit pour l’éducation des enfants, les courses, le budget, elles sont les plus impliquées car ce sont elles qui subissent le plus lourdement la vie sous le capitalisme, sans compter qu’elles oc­cupent les métiers les moins bien payés et les plus pénibles.

De plus, les révolutionnaires attachés à une réelle transfor­mation de la réalité ont appris grâce aux CPES le sens du tra­vail révolutionnaire. Nous ne sommes pas là pour donner des leçons et faire des discours théoriques, mais pour lutter auprès des masses. Les étudiants en premier ont compris que les uni­versités sont stériles si elles sont coupées des quartiers et des usines.

Enfin, les quartiers connaissent de nombreux problèmes, et sont dépeints de manière dégradante dans les médias, mais la réalité, c’est qu’il existe une volonté et une dignité dans les quartiers qui n’existe pas sur les plateaux télés et chez les poli­ticiens.

Bureau National de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire

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