Le 21 décembre 1950 naît Gilles Tautin. Il sera un militant révolutionnaire infatigable jusqu’à son assassinat par la police française le 10 juin 1968 à Flins-sur-Seine (Yvelines). Gilles Tautin a alors 17 ans.
La vie de Gilles Tautin avant Mai 68 est compliquée à retracer : le silence concernant ce martyr et sa mort est assourdissant, aussi bien dans la presse bourgeoise, que dans des ouvrages d’historiens spécialisés, même ceux dit «de gauche».
Son engagement politique et sa mort sont par contre connus : Gilles Tautin a été un activiste lycéen engagé au sein du Mouvement de soutien aux luttes du peuple, et membre de l’Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes (UJC-ml).
L’UJC (ml) était une organisation révolutionnaire anti-révisionniste. Fondée le 10 décembre 1966, elle naît de la volonté d’ex-militants de l’UEC (Union des Etudiants Communistes) de s’émanciper du Parti « Communiste » révisionniste, soutien de François Mitterand lors des élections présidentielles de 1965.
Ainsi, l’UJC (ml) développe sa ligne en janvier 1967 lors de son 1er congrès. 4 points principaux ressortent :
1. l’UJC (ml) entend diriger la lutte des classes au sein de la jeunesse et de l’université. La lutte contre le révisionnisme et l’idéologie bourgeoise sont des aspects fondamentaux de cette lutte.
2. L’UJC (ml) doit permettre à ses militants de se former, dans la théorie et politiquement, et doit à terme constituer une université rouge qui sera mise au service des ouvriers avancés et des éléments révolutionnaires.
3. L’UJC (ml) constitue l’avant-garde de la lutte anti-impérialiste, et doit prendre la tête du front uni contre l’impérialisme américain. L’organisation soutient aussi la lutte anti-impérialiste menée au Vietnam, et entend combattre l’impérialisme français de l’intérieur.
4. L’UJC (ml) doit former des intellectuels révolutionnaires liés aux masses, et instituer de nouvelles formes d’organisation pour cela.
L’inspiration « pensée Mao » de l’organisation n’a jamais été cachée par ses membres : avant la rupture avec l’UEC, les futurs fondateurs de l’UJC-ml avaient entrepris dès le printemps 68 de traduire et diffuser massivement le Petit Livre rouge, compilation de citations du Président Mao.
En 1967, l’UJC (ml) crée les les Comités Viêtnam de Base (CVB) pour défendre le Nord-Viêtnam et soutenir le FLN sud-vietnamien. L’UJC-ml crée aussi le Mouvement de soutien aux luttes du peuple (MSLP), dont le journal est la première version de La Cause du peuple.
L’UJC (ml) constitue aussi une branche ’’armée’’, les GPA (Groupes de Protection et d’autodéfense). Cette branche combattante a vocation à s’opposer aux forces de répression, à l’extrême-droite, ou encore au P »C »F. Le 28 avril 1968 est menée une action coup de poing contre une exposition sur «les crimes des Viêt-Cong». Suite aux menaces de représailles de l’extrême-droite, un rassemblement des services d’ordre de divers groupes de gauche le 3 mai est attaqué par la police à la Sorbonne et engendre ce qui est considéré comme la première émeute de Mai 68.
L’UJC (ml) critique d’abord le mouvement naissant, qualifiant les manifestations étudiantes de «petites-bourgeoises», et ne participe dans un premier temps à aucune manifestation, dénonçant l’influence des sociaux-démocrates qui visaient à couper les étudiants de la classe ouvrière, et limitant les revendications à des objectifs réformistes, ce qui erroné car les révolutionnaires doivent être sur tous les fronts des mobilisations pour y porter la voix du prolétariat. L’UJC-ml appelle ensuite au rapprochement ouvriers-étudiants, et le début de la grève générale donne raison à l’organisation sur ce point. L’UJC (ml) prône le travail de masse au cœur de la classe ouvrière, depuis les syndicats CGT et les usines.
A la suite de la mobilisation réactionnaire de masse (la manifestation patriotique du 30 mai) et de la trahison des réformistes (P »C »F et CGT qui cherchent depuis plusieurs jours déjà une solution pour sortir de la crise), le mouvement étudiant se tasse, mais il n’en est rien du mouvement ouvrier. Les blocages d’usine menés par la base se poursuivent, et l’UJC-ml participe à la poursuite de ce mouvement. Le 7 juin, c’est l’usine Renault de Flins qui connaît un débrayage de ses ouvriers, malgré l’intervention des gendarmes.
Le 10 juin, une délégation de militants de l’UCJ-ml part à la rencontre des ouvriers de l’usine. Parmi cette délégation, Gilles Tautin, lycéen de 17 ans en première au lycée de Stéphane-Mallarmé. Le comité d’accueil composé de milliers d’agents, CRS, gendarmes, gendarmes mobiles, agit avec une violence inouï en bon chiens de garde de la bourgeoisie. Chargés, matraqués, acculés en bord de Seine, les militants de l’UJC-ml sont poussés à l’eau. Gilles Tautin n’en ressortira pas vivant, lui que la police a empêché de remonter sur les berges d’après le témoignage du vicaire Brousse, l’aumônier des jeunes chrétiens, et des militants présents.
Gilles Tautin meurt assassiné ce 10 juin 1968 à l’âge de 17 ans. Il meurt assassiné pour son engagement au service de son organisation, au service de la classe ouvrière, au service du prolétariat de France et du monde. L’annonce de sa mort est l’étincelle qui met le feu aux poudres pour la dernière fois. Deux nuits d’émeutes laissent place à un cortège silencieux massif qui accompagne la dépouille du jeune maoïste vers sa dernière demeure, au cimetière des Batignolles à Paris.
Dans la foulée de ces émeutes, l’UCJ (ml) fait partie des organisations dissoutes par l’État français, et une partie de ses militants va fonder la Gauche Prolétarienne, organisation dont nous avons déjà parlé dans l’article consacré à un autre héros du prolétariat, Pierre Overney.
Militant au service des masses, Gilles Tautin a porté fièrement et héroïquement le drapeau rouge, en s’opposant à la bourgeoisie, mais aussi aux lignes révisionnistes du P«C»F de l’époque.
Aujourd’hui encore, les opportunistes et petits-bourgeois salissent le nom du parti glorieux du prolétariat, et s’acoquinent avec la bourgeoisie, en participant aux élections présidentielles, en reniant les grands héros de la lutte du prolétariat, ou encore en tournant le dos au prolétariat pour préférer défendre une position futile et pitoyable dans la société bourgeoise, de carriéristes et d’opportunistes. Nous devons nous inspirer de Gilles Tautin et de son combat contre le P »C »F et ses appendices de jeunesses, opportunistes, et marxistes de nom seulement.
Comme le dit Lénine dans l’État et la Révolution :
«Quiconque reconnaît uniquement la lutte des classes n’est pas pour autant un marxiste : il peut se faire qu’il ne sorte pas du cadre de la pensée bourgeoise et de la politique bourgeoise. Limiter le marxisme à la doctrine de la lutte des classes, c’est le tronquer, le déformer, le réduire à ce qui est acceptable pour la bourgeoisie. Celui-là seul est un marxiste qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat. C’est ce qui distingue foncièrement le marxiste du vulgaire petit (et aussi grand) bourgeois».
Aujourd’hui et plus que jamais, il nous faut poursuivre, et intensifier la lutte contre l’opportunisme !
L’époque est au pourrissement de l’impérialisme, notre tâche actuelle est d’organiser le prolétariat de France pour la Révolution Socialiste et cette tache passe par la dénonciation et le combat contre les révisionnistes, alliés de de la bourgeoisie et ennemis du peuple.
Comme nous l’a montré Gilles Tautin et sa lutte héroïque, il nous faut nous lier profondément aux masses, car «c’est au prolétariat, avant-garde armée de tous les exploités et de tous les travailleurs, qu’il faut se subordonner».
Les héros du prolétariat sont immortels ! Gilles Tautin vit dans nos luttes !
Levons plus haut le Drapeau Rouge pour lequel est tombé Gilles Tautin !
Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire - LJR 