9 mars 1942. Sept jeunes hommes de 17 à 26 ans sont exécutés par les nazis au fort du Mont-Valérien.
Ces sept jeunes sont organisés dans les Bataillons de la Jeunesse, une des premières organisations à mener la lutte armée contre l’occupant allemand. En effet, à l’appel de l’Internationale Communiste, qui organise le Front antifasciste mondial dirigé par le camarade Staline, les communistes de France vont poser les fondations de la guerre de guérilla pour se débarrasser du fascisme. La stratégie donnée par l’Internationale Communiste se fait à la lumière d’une compréhension profonde de la guerre mondiale qui se développe alors : le fascisme (derrière lequel se cache la bourgeoisie en crise), dans son expansion mondiale, vise à détruire l’URSS socialiste, son plus grand ennemi. Une réponse armée coordonnée des communistes du monde entier à la frange la plus réactionnaire de la bourgeoisie est alors le seul moyen de contrer l’avancée nazie. L’URSS sera la base rouge, le socle de la résistance antifasciste qui aura lieu, notamment en France.
Issus principalement des Jeunesses Communistes, dispersées depuis le début de la guerre, les Bataillons de la Jeunesse regroupent dès août 1941 tous les jeunes désireux de combattre au plus haut niveau l’ennemi présent sur le territoire national. C’en est fini des « simples » sabotages et affichages sauvages, qui sont déjà extrêmement dangereux et réprimés : des groupes armés se forment alors sous la direction du Parti communiste clandestin, dans l’optique de mener une guerre de libération nationale. Les membres des Bataillons sont très jeunes, à l’image des membres antérieurs de la JC : beaucoup ont moins de 18 ans, la plupart sont ouvriers, mais tous sont animés par une foi inébranlable en la Révolution et le peuple.
Les sept sont arrêtés entre octobre 1941 et janvier 1942 par la police de Vichy et immédiatement mis au secret, puis livrés aux autorités allemandes. On leur reproche d’avoir mené en trois mois « plus de dix-sept opérations armées » contre l’occupant allemand.
Un procès à grand spectacle est organisé : il est demandé par le pouvoir d’en parler dans tous les journaux, de faire connaître de tous la teneur du jugement auquel seront confrontés les résistants. Celui-ci est même organisé au sein du palais Bourbon, qui abrite alors la Kommandantur, mais n’est autre que l’Assemblée nationale en temps normal ! Malgré tous les artifices, le fond de l’affaire est clair : le procès ne dure en fait que trois jours, du 4 au 6 mars 1942, et la sentence est directe : tous les inculpés seront exécutés.
Ils sont fusillés le 9 mars au fort du Mont-Valérien. Un avocat ayant assisté à leurs derniers moments dira par la suite : « ils ont pris congé dans la dignité, le courage et la foi de leur conviction ». Ces sept jeunes hommes sont tombés en héros du prolétariat de France. Quelle abnégation fallait-il pour oser s’attaquer au monstre nazi qui écrase alors l’Europe entière ! Ils ont osé lutter par tous les moyens, et ce avec vigueur, en témoigne le nombre d’actions qui leur sont reprochés. Ces résistants ont montré la voie à celles et ceux qui ont ramassé le drapeau qu’ils ont transmis, à celles et ceux qui, au final, ont dégagé l’Allemagne nazie ainsi que ses laquais par les armes.
Aujourd’hui, la bourgeoisie veut nous faire oublier leur sacrifice ou le reprendre pour le compte de l’Etat. Nous devons nous y opposer ! Ces sept jeunes ne sont pas morts pour les intérêts d’une minorité qui s’accapare les richesses produites par l’humanité, ils sont tombés en serviteurs du peuple, en combattants fiers et téméraires !
Arborons fièrement le nom de ces fils du prolétariat de France, tombés pour que nous vivions libres, tombés pour leurs idées, tombés pour la Révolution !
Roger Hanlet, 19 ans, mécanicien
Acher Semahya, 26 ans, ouvrier métallurgiste
Robert Peltier, 20 ans, ouvrier modeleur
Christian Rizo, 19 ans, étudiant
Tony Bloncourt, 21 ans, étudiant
Pierre Milan, 17 ans, cycliste télégraphiste
Fernand Zalkinow, 18 ans, ouvrier fourreur
